La grande douceur observée depuis la fin de l'année se traduit par une raréfaction de la neige dans les massifs.Si des stations sont en difficulté, Météo France souligne que nous sommes encore au début de la saison et que ce phénomène n'est pas si rare.En revanche, il est aujourd'hui acquis que le changement climatique aura un impact notable à l'avenir sur l'enneigement en montagne.
La fin d'année 2022 a été marquée par des températures assez nettement au-dessus des normales de saison. Une douceur qui s'est traduite par une diminution du manteau neigeux dans les stations. En moyenne montagne, des vacanciers ont troqué les skis contre des chaussures de randonnée, tandis que des compétitions sportives ont été repoussées. C'est le cas pour une épreuve de la Coupe du monde de ski freestyle, à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales), qui devait initialement se tenir du 12 au 14 janvier.
Des internautes, dans les Alpes, s'étonnent et s'inquiètent de l'absence de neige. Et n'hésitent pas à comparer des clichés pris cette année avec ceux réalisés à la même époque l'an dernier. Montrant un contraste saisissant. Ce faible enneigement est-il généralisé ? Faut-il s'en inquiéter ? TF1 info s'est rapproché de Météo France pour faire le point sur l'enneigement des massifs français en ce début d'année.
La moyenne montagne reste la plus touchée
Météorologue au sein de la cellule "Montagne Nivologie" de Météo France, Cécile Coléou nous explique que depuis la fin d'année, "l'enneigement se révèle souvent déficitaire en montagne", la faute notamment à la douceur qui s'est installée sur le territoire. "Même si on constate des records de température, nous avions connu une situation assez similaire l'an passé", rappelle toutefois la spécialiste, peu surprise par ce manque de neige. "Ça peut arriver", estime-t-elle, "a fortiori alors que nous nous trouvons encore dans la période où l'enneigement se constitue". Le début janvier, comme les fêtes de fin d'année, reste "assez tôt dans une saison", si bien que l'essentiel des chutes de neige est attendu à une période plus tardive.
Il est assez fréquent de ne pas observer de neige dans le Jura un 5 janvier, remarque Cécile Coléou, et encore davantage dans le Massif central. Ce n'est au fond "pas si rare que ça", avec des Noël sans neige "un hiver sur trois ou un hiver sur cinq en fonction des stations". Si des exceptions existent, on remarque généralement un lien étroit entre l'altitude et la fréquence des flocons. Au-dessus de 1800 mètres, les chances de trouver de la poudreuse sont multipliées. Dans les Pyrénées, toutefois, "nous sommes sur des records", analyse l'experte, "on observe un hiver comme celui-là tous les 10 ans environ". Météo-France évoquait en effet il y a quelques jours un "enneigement très déficitaire sur l'ensemble de la chaîne pyrénéenne".
Si la haute montagne, dans les Alpes notamment, se trouve moins touchée, la moyenne montagne est en première ligne. Le résultat ? Peu de neige en Corse, pas du tout dans le Jura, les Vosges ou le Massif central. "Il y a de toute façon une forte variabilité, c'est très lié aux précipitations", glisse Cécile Coléou, qui incite à considérer les événements climatiques dans une perspective de long terme.
Si le début d'hiver 2022/2023 n'apparaît pour l'heure pas hors norme, les spécialistes du climat s'accordent toutefois sur le fait que le réchauffement climatique aura un impact sur les niveaux d'enneigement à l'avenir. "Le début de la saison hivernale, nous savons qu'il sera décalé dans le temps." Et de prendre l'exemple du massif de la Haute-Bigorre, dans les Pyrénées, "où la saison pourrait être largement repoussée à la fin du siècle". Les scénarios les plus pessimistes estiment que des niveaux d'enneigement significatifs ne seraient pas observés avant la fin janvier. "Pour le massif du Mont-Blanc, dans les Alpes", les craintes sont similaires : "Si l'on se base sur 30 cm de neige au sol, actuellement la saison commence début décembre en moyenne. Mais elle pourrait être retardée d'une vingtaine de jours" à l'orée du XXIIe siècle. Il faut aussi s'attendre à une réduction des volumes de neige, la faute au réchauffement progressif des températures. La pluie risque ainsi régulièrement de se substituer aux flocons.
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